Opportunités et défis pour le Sénégal dans le domaine de la production pétrolière et gazière : Enseignements tirés de l’expérience d’autres nouveaux producteurs
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Le Sénégal, qui dispose des réserves importantes de gaz naturel, semble être sur le point de devenir un important producteur d’hydrocarbures. Cette richesse en ressources offre au pays des opportunités, mais présente aussi des risques. Ce document NRGI passe en revue l’expérience récente d’autres « nouveaux producteurs », principalement en Afrique, et tente de tirer des enseignements pour le Sénégal sur la manière d’utiliser au mieux ses ressources en hydrocarbures, en tenant compte à la fois de l’évolution du contexte due à la pandémie de coronavirus et de la transition en cours vers les énergies renouvelables.
Les pays sont confrontés à un certain nombre de défis dans la gestion des revenus tirés des ressources naturelles. Dans ce rapport, nous nous concentrons sur certains défis particuliers qui affectent les pays qui se préparent à la production liée aux découvertes pétrolières et gazières. Tout d’abord, l’expérience internationale a montré qu’un certain nombre de pays a succombé à la « pré-malédiction des ressources » qui survient quand un optimisme excessif concernant les bénéfices futurs du secteur fragilise les politiques gouvernementales et conduit à terme à des résultats décevants. Il est donc important de gérer les attentes du public concernant les conséquences de ces découvertes pour l’économie et de résister aux pressions exercées pour s’engager dans des plans d’emprunt, de dépenses publiques ou d’investissement non durables fondés sur des prévisions trop optimistes sur les revenus qui seront tirés de ces ressources.
La mise en place d’un cadre de gouvernance approprié pour éviter que les revenus ne soient perdus à cause de l’évasion ou de la fraude fiscale et d’une mauvaise gestion pose un certain nombre de défis. Dans le contexte de la pandémie de coronavirus, ces défis sont particulièrement complexes, car les pays sont confrontés à la crainte de perdre des investissements et se demandent s’il faut utiliser leur richesse en ressources pour financer les dépenses temporaires nécessaires à la stabilisation de l’économie.
Messages clés
- Les pays qui s’engagent dans la production de pétrole et de gaz à grande échelle sont confrontés à un certain nombre d’écueils. Le Sénégal peut tirer des enseignements de l’expérience d’autres « nouveaux producteurs » en Afrique.
- Le Sénégal risque de faire face à des attentes démesurées, qui pourraient conduire à des pressions politiques en faveur de niveaux de dépenses disproportionnés. Toutes les parties prenantes ont un rôle à jouer pour contribuer à un débat public éclairé sur les ressources pétrolières et gazières.
- Les perspectives du Sénégal en matière de revenus pétroliers et gaziers sont incertaines en raison de la possibilité de retards dans la production et de volatilité des prix. Les décideurs sénégalais devraient envisager de multiples scénarios et faire preuve de prudence dans leur planification des dépenses futures.
- Les autorités sénégalaises (en particulier, le ministère des Finances et du Budget et l’Assemblée nationale) devraient continuer à s’abstenir d’accorder des allègements fiscaux aux projets qui ont déjà fait l’objet d’une décision finale d’investissement et devraient procéder à des audits de coûts rigoureux.
- Les autorités sénégalaises (en particulier la Présidence de la République, le ministère du Pétrole et des Énergies, le ministère des Finances et du Budget et l’Assemblée nationale) peuvent utiliser les années qui précèdent la production pour mettre en place un contrôle rigoureux des dépenses et de l’investissement provenant des ressources (par exemple, par le biais du fonds souverain) et s’engager à respecter une règle budgétaire qui fixerait la part des revenus pétroliers et gaziers à dépenser et à investir.
- Les plans de conversion du gaz en électricité (ou « gas-to-power ») du gouvernement sénégalais pourraient fournir au pays une énergie moins chère, plus propre et plus accessible. Mais ils comportent également des risques que le pays ne se retrouve piégé dans le gaz, ce qui pourrait compromettre la viabilité budgétaire (par des contrats « take-or-pay ») et empêcher le pays de tirer pleinement parti des énergies renouvelables alors qu’elles deviennent de plus en plus attrayantes.
Authors
William Davis
Senior Economic Analyst